LE PETIT CHAT ROSE
Il était une fois un petit chat rose.
Ça n’existe pas les chats roses, dit le petit garçon.
Il était une fois un petit chat rose qui avait une queue bleue.
Ça n’existe pas les chats roses qui ont une queue bleue, dit le petit garçon.
Il était une fois un petit chat rose qui avait une queue bleue et de grands yeux blancs.
Ça n’existe pas les chats roses qui ont une queue bleue et de grands yeux blancs, dit le petit garçon.
Il était une fois un petit chat rose qui avait une queue bleue, de grands yeux blancs et qui n’avait pas de griffes pour griffer les enfants.
Ça n’existe pas les chats roses qui ont une queue bleue et de grands yeux blancs et qui n’ont pas de griffes pour griffer les enfants, dit le petit garçon.
Alors le monsieur se tut.
Pourquoi ne racontes tu pas une histoire, dit le petit garçon ?
Alors le monsieur répondit : mais quand je te raconte une histoire, tu dis toujours que ça n’existe pas.
Ah ! fit le petit garçon, je sais bien que ça n’existe pas, mais c’est toujours comme ça dans les contes.
Alors le monsieur recommença son histoire.
Il était une fois un petit chat rose qui avait une queue bleue, de grands yeux blancs, pas de griffes pour griffer les enfants et dont les oreilles étaient comme celles d’un lapin.
Ah Ah ! fit le petit garçon, d’ordinaire, les chats ont de toutes petites oreilles.
Tais-toi, reprit le monsieur, tu n’as qu’à écouter la suite.
Alors, le petit chat qui était né avec beaucoup de petits frères et de petites sœurs se sentait très seul. Il faut dire que ses frères et sœurs étaient des petits chats et des petites chattes tout à fait normaux. Aussi, personne ne l’aimait, tellement il était bizarre. Tout le monde le montrait du doigt en disant : vous avez vu ce petit chat rose avec une queue bleue, de grands yeux blancs, pas de griffes pour griffer les enfants et les oreilles comme celles d’un lapin !
Ce n’est pas un vrai chat ce chat là ! Et le petit chat rose se sentait tous les jours plus seul et plus malheureux. Tous les jours, à l’heure du repas, il pleurait parce qu’on le laissait manger tout seul dans son coin. Il pleurait longtemps, longtemps, longtemps, parce qu’il était tout seul.
Pauvre petit chat rose s’écria le petit garçon.
Tais-toi dit le monsieur, laisse-moi raconter la fin.
Un jour, le petit chat rose qui avait une queue bleue, de grands yeux blancs, pas de griffes pour griffer les enfants et des oreilles comme celles d’un lapin, le petit chat rose s’en alla.
Où s’en alla t-il ? demanda le petit garçon au monsieur.
Alors le monsieur répondit :
Il s’en alla au ciel.
Au ciel ? Mais comment font les chats pour monter au ciel ? dit le petit garçon.
Eh bien, répondit le monsieur, il alla trouver madame l’araignée, parce que les araignées, elles, savent monter au ciel.
Tiens ! dit le petit garçon, comment font-elles ?
As-tu remarqué, répondit le monsieur, qu’il y a parfois au printemps de grands fils transparents qui flottent dans les airs. On les appelle les fils de la vierge. Ce sont les araignées qui tissent ces fils là et elles s’en servent tous les ans au printemps, pour grimper au ciel. Car tous les ans à la même époque, toutes les araignées vont voir le Bon Dieu pour lui demander la grâce de pouvoir tisser une toile toujours plus fine. Alors, elles accrochent leur fil aux nuages et elles montent, elles montent, elles montent… Voilà pourquoi le petit chat rose alla dire à madame l’araignée :
« Comme je ne suis pas comme mes petits frères et mes petites sœurs, comme je suis un petit chat rose avec une queue bleue, de grands yeux blancs, pas de griffes pour griffer les enfants et de grandes oreilles comme celles d’un lapin, cette année, je voudrais monter avec vous au ciel, j’irai voir le Bon Dieu habiter avec lui.
Madame l’araignée, qui était très gentille, répondit au petit chat rose : « mais viens donc avec nous, nous serons très contentes de t’emmener.»
Et elles emmenèrent le petit chat rose au ciel.
Et le petit chat rose habite avec le Bon Dieu depuis ce jour là. Il n’est jamais plus redescendu sur terre.
Voilà pourquoi, quand tu regardes autour de toi, tu ne vois plus de petits chats roses sur la terre, avec une queue bleue, de grands yeux blancs, pas de griffes pour griffer les enfants et des grandes oreilles comme celles d’un lapin.
C’est que tous les petits chats roses sont montés au ciel et qu’il n’y a plus que des chats gris, des chats noirs, des chats blancs et des chats marron sur la terre.
Mais plus du tout de petits chats roses.
Une histoire qu’avait écrite un papa pour sa fille dans les années 60